Les finalités ou
objectifs généraux fixés dans le décret-missions de 1997, imposent à tous les
enseignants en Communauté Française de Belgique, de promouvoir la réussite de
tous leurs élèves. Or, face à un nouvel apprentissage, tous les élèves ne sont
pas égaux : certains sont, par exemple, plus lents que d'autres, éprouvent plus
de difficultés, commettent plus d'erreurs.
Selon la
pédagogie de la remédiation, les apprentissages se construisent justement à
partir des erreurs mais aussi de leur correction. Il s'agit de faire en sorte
que la correction fasse partie intégrante de la construction d'un nouveau
savoir. Pour cela, il faut placer les élèves dans des situations telles qu'ils
soient en mesure de corriger eux-mêmes leurs erreurs. Dans cette vision de
l'enseignement, le rôle de l'enseignant ne se limite plus à diagnostiquer les
erreurs et difficultés éprouvées par les élèves mais à devenir un
guide-accompagnateur à la réussite en affinant les procédures de remédiation.
Ces dernières doivent permettre à l'élève :
1. d'identifier lui-même son erreur grâce à la
mise en place d'un dispositif de repérage de l'erreur qui consiste à présenter
à l'élève une liste lui permettant de pointer, en toute autonomie, la nature de
son erreur comme « par exemple :
-
erreur de
repérage de données dans la consigne
-
erreur
dans le choix des connaissances utilisées
-
oubli
d'une connaissance
-
erreur
dans l'utilisation d'une connaissance
-
erreur de
mise en relation entre deux ou plusieurs événements »[1]
2. de traduire l'erreur en apprentissage à
réaliser. En pointant aisément la nature de son erreur, l’élève identifie par
la même occasion le genre de chose qui lui reste à apprendre en vue de réussir.
La catégorisation des erreurs permet à l'élève de pointer les démarches par
lesquelles il est passé lors de la réalisation de la tâche demandée et lui
permet, dès lors, de prendre conscience des apprentissages encore à réaliser,
de devenir demandeur et donc plus actif dans la construction de ses propres
nouveaux savoirs.
3. de verbaliser ses erreurs et donc de renforcer
la prise de conscience. La correction devenant alors un engagement que l’élève
prend pour identifier non seulement la procédure ou démarche qui n'a pas : mais
surtout de la corriger.
Voici encore
quelques autres pistes pour orienter les remédiations vers plus d'efficacité
que les simples et traditionnelles corrections en commun :
-
L’enseignant
peut établir un contrat de remédiation-apprentissage sous forme de plan de
travail avec ses élèves comportant des éléments obligatoires et d'autres
facultatifs.
-
L’enseignant
peut proposer des travaux à partir d'un classeur de remédiation. La tâche peut
même devenir valorisante pour les élèves en difficulté lorsqu'ils peuvent, par
exemple, rédiger eux-mêmes des questions-réponses sur la matière qui pose
problème, sur base de documents mis à leur disposition et qu'ils ont ensuite
l'occasion de soumettre leurs questions et de corriger les réponses des autres
élèves de la classe.
-
L'enseignant
peut mettre à disposition, dans un coin de la classe, par exemple, des supports
documentaires, visuels ou du matériel de manipulation supplémentaire pour
permettre aux élèves en difficulté de s'exercer plus longuement.
-
L'enseignant
peut encore adapter les tâches demandées en termes de longueur, de complexité,
d'exigences et d'échéancier pour graduellement ensuite proposer des exigences
communes à tous. En effet, pourquoi tous les élèves d'une même classe devraient
toujours remettre leurs travaux à la même date et sous la même forme ?
-
L'enseignant
peut organiser un système de tutorat dans sa classe. Il s'agira, toutefois de
bien expliquer les rôles, de négocier avec les élèves les objectifs et de
suivre de près l'atteinte de ces objectifs en fournissant les outils
nécessaires à l'élève tuteur et non d'inviter simplement l'élève qui sait à
brièvement réexpliquer à celui qui ne sait pas.
On peut
constater que les quelques pistes de remédiation énoncées ci-dessus peuvent
également concerner les élèves qui n'éprouvent aucune difficulté. Dans ce cas,
on parle de «travaux d'enrichissement ou d'extension» plutôt que de travaux de
remédiation. Ces derniers travaux se justifient aussi dans le cadre de la lutte
contre le décrochage scolaire puisque l'important avec eux, c'est de faire en
sorte qu'ils conservent le goût d'apprendre et qu'ils puissent vivre leur
formation comme une période emballante, exempte de tout ennui, de toute
répétition ou de tout moment dépourvu d'apprentissage. Il faut, cependant
constamment, veiller au fait que ce qui est de l’enrichissement pour certains
élèves, n'en est pas nécessairement pour d'autres. Réaliser un des intérêts des
élèves en matière d'enrichissement peut grandement faciliter la sélection des
tâches à proposer.
Afin
de pouvoir choisir plus aisément des propositions de travail à l'intention des
élèves «rapides», les enseignants peuvent encore s'inspirer des pistes
suivantes :
-
L’enseignant
peut proposer des tâches grâce auxquelles les élèves développent leurs
compétences transversales comme, par exemple, savoir résumer un texte.
-
L'enseignant
peut proposer des tâches qui font appel aux processus mentaux supérieurs
(analyse-synthèse-créativité-évaluation). Après avoir rédigé un résumé, les
élèves peuvent, par exemple, réaliser une première de couverture ou page de
garde en justifiant leurs choix d’illustrations, de composition, de police de
caractère, ...
-
L'enseignant
peut proposer des tâches qui mettent à profit les intérêts personnels des
élèves et qui peuvent enrichir l'environnement éducatif de la classe comme par
exemple, compulser de la documentation mise à disposition pour préparer une
visite de la classe.
-
Terminons cette
présentation sur la pédagogie de la remédiation en insistant sur le fait que la
remédiation au sein même du cours normal de la classe constitue la première
priorité visée par « Le contrat pour l’Ecole » qui a instauré encore deux
autres mécanismes pour lutter contre le décrochage scolaire et qui sont :
-
le
maintien d'une année complémentaire au sein du premier degré depuis la rentrée
2007-2008
-
le
maintien d’un parcours différencié pour les élèves s'inscrivant dans le
secondaire sans avoir préalablement obtenu le Certificat d'Etudes de Base.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire